Le bénévolat sans complexe
POINT DE VUE
On fait du bénévolat parce que quelque chose nous dérange et qu’on a envie de changer les choses, à notre niveau, à notre échelle. Cela nous permet de nous sentir bien dans notre tête, bien dans notre peau, bien avec nous-même et avec les autres.
Le bénévolat vient nourrir notre sentiment d’utilité sociale, ce sentiment d’avoir une place dans la société, un rôle à jouer. Agir à mon échelle, au niveau local, comme le colibri, apporter ma pierre à l’édifice, c’est le nouveau militantisme. C’est un acte fort, engageant toute la personne, qui se veut exemplaire pour donner envie aux autres de nous rejoindre. C’est un acte éthique et politique.
Et ce n’est pas tout. On fait aussi du bénévolat pour des raisons personnelles, propres à chacun.e et parfois un peu égoïstes. On fait du bénévolat pour se réaliser en marge de son travail parce que parfois on n’a pas la chance de faire un boulot par vocation. Pour trouver un sens à sa vie, quand celle-ci part à la dérive. Pour sortir de chez soi, et échapper à ses enfants trop petits pour aller à l’école. Pour rencontrer des gens parce que quand on vient d’emménager dans une nouvelle ville, on se sent un peu seul. Pour faire marcher ses neurones, transmettre ce qu’on sait, parce qu’avant de vieillir on veut laisser une trace. Pour avoir un statut et se sentir précieux aux yeux des autres. Pour rythmer ses journées. Et parfois, on fait même du bénévolat juste pour passer le temps !
Est-ce que faire du bénévolat pour des raisons personnelles, c’est faire du bénévolat qui a une moins grande valeur, je ne crois pas. Tant que les bénéfices personnels ne nuisent pas aux bénéficiaires. Et si le bénévole est heureux d’être là, la mission n’en sera que plus réussie, non ?
Alors décomplexons le bénévolat ! Accueillons dans nos associations toutes les bonnes volontés, soyons prêts à accepter un oeil nouveau, une manière différente de faire. Communiquons sur nos valeurs, nos projets, les compétences dont nous avons besoin, ne rejetons pas d’emblée un bénévole qui indique qu’il n’est pas disponible régulièrement, parce que quelques heures suffisent. Véhiculons une image positive et conviviale de nos associations, vantons l’ambiance chaleureuse des AG, la qualité de l’accueil, célébrons le départ d’un bénévole vers d’autres horizons en le remerciant pour tout ce qu’il a accompli. Sachons repérer les talents de chacun et proposer des missions qui parlent aux gens, et non l’inverse, car il n’y a rien de plus beau qu’un bénévole engagé dans une mission qui lui ressemble.
Extrait de la Tribune publiée dans Ouest France le 21 juillet 2020